"Road To Revelation"

La petite main de Ky était logé dans celle d'Adrian et il faisait très attention à ne pas lui faire mal. Il en prenait autant soin que s'il tenait un diamant. Pourquoi tant de précaution? Il ne savait pas. Peut être qu'inconsciemment il voulait montrer qu'il n'était pas toujours violent et colérique. Et cette petite main fraiche dans la sienne... Comment pourrait-il s'énerver tant qu'il la tiendrait ? Il ressentait un immense calme qu'il n'avait pas connu depuis bien longtemps. Pour une fois il allait peut être faire 'plaisir' à quelqu'un... Il espérait vraiment que le vieux calligraphe saurait réparer les pinceaux de la jolie russe.

Ils sortirent donc main dans la main de l'enceinte de Safety Creek. Passant devant quelques autres personnes qui leurs jetèrent souvent des regards intrigués. Adrian ne doutait pas que l'incident avec la rousse et maintenant cette situation allait faire beaucoup parler... Mais il s'en fichait. Si il le fallait il défendrait son point de vu sur Sympheris avec la hargne qu'il avait en lui depuis la naissance. Plus personne ne lui ferait du mal en sa présence. Les gens sont lâches, ils se jettent en meute sur les plus faibles pour les déchiqueter. Mais dès que quelqu'un de plus fort s'approche de leur proie ils fuient la queue entre les jambes...

La colère ne visant personne en particulier, mais plutôt le monde entier, se mit à bouillonner en Adrian mais une petite pression de la main de la jeune fille sur la sienne le calma instantanément. Il se demanda si elle avait sentit sa colère et cherché à le calmer ou si c'était un pur hasard...

Ils prirent la direction du centre ville tranquillement et Clarkson sachant que Ky n'était jamais sortit en deux ans marcha lentement pour lui laisser le temps de s'habituer et lui dit :

-Bon... et bien on est dehors... On va aller au centre ville, le calligraphe est dans une des rues, isolé. Si ça ne te dérange pas tu peux continuer de me tenir la main. Il risque d'y avoir pas mal de monde... Je ne voudrais pas que tu te perde.. Enfin dans tous les cas reste près de moi d'accord?

Ayant finis sa phrase il accentua légèrement la pression de sa main sur celle de Sympheris, sachant pertinemment que si elle le désirait elle la lâcherait de toute façon... Mais au moins il voulait lui montrer qu'il n'en avait pas envie...

Effrayée. Peur. Angoisse. Surpeuplement. Les gens se croisent et se décroisent, se rentrent dedans sans être censés se toucher. Ils bougent, se mouvant dans une cohue parfaite. Un brouhaha incessant me fait paniquer et, main de la main, je sers mes doigts frêles la paume d’Adrian Clarkson, élève brutal connu pour sa rancœur, mais qui au fond, est un garçon simplement blessé par la tristesse du temps.

Soudain, un réflexe que je connais sur le bout de mes doigts se met en action. Serrant mon poing gauche, je me mords violemment l’index et le majeur pour ne pas hurler. J’ai peur, je suis sans protection. Les gens me regardent ? Ils me voient ? Ils savent tout ? Aucune idée. J’ai peur, je suis en danger, et le monde est contre moi. J’ai peur, j’ai peur…

-Bon... et bien on est dehors... On va aller au centre ville, le calligraphe est dans une des rues, isolé. Si ça ne te dérange pas tu peux continuer de me tenir la main. Il risque d'y avoir pas mal de monde... Je ne voudrais pas que tu te perdes... Enfin dans tous les cas reste près de moi d'accord?

Je lâche mes doigts et affichent un sourire forcé sur mon visage, le laissant croire que tout vas bien. J’hoche la tête machinalement. J’ai l’impression qu’on m’attaque.

Sait-il au moins que mon empathie pour les gens est plus qu’un simple don de la nature ? Que je suis en communication avec l’au-delà, et que je vois des choses que personnes ne peut percevoir ? Aucune idée. Je ne le lâche pas, mais mes membres tremblent tous en mêmes temps, me cinglant de me cacher dans une boite en bois. Je me mords la lèvre inférieure. J’ai chaud, j’ai trop chaud. On se colle tous, on se perd.

Sans faire exprès, je vacille et ma main se décroche de celle d’Adrian, qui continue d’avancer dans la foule. Je m’arrête, me heurtant dans une caboche énorme d’un homme inconnu, je me recule, portant mes mains à ma bouche. Je fonce, je ne sais où, laissant tomber ma casquette que j’essaye de récupérer dans la foule. Des pieds me heurtent sans faire exprès. Je n’aime pas cet endroit. J’ai peur, je veux qu’on me laisse tranquille…

J’ai peur…