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 Les sanglots longs des violons de l'automne.. [ PV : Adrian Clarkson ]

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Cléo Gomez
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Les sanglots longs des violons de l'automne.. [ PV : Adrian Clarkson ] Empty
MessageSujet: Les sanglots longs des violons de l'automne.. [ PV : Adrian Clarkson ]   Les sanglots longs des violons de l'automne.. [ PV : Adrian Clarkson ] EmptySam 20 Oct - 22:46

Colchiques dans les prés, fleurissent fleurissent, colchiques dans les prés. C’est la fin de l’été...

Le souffle du vent s'est dangereusement refroidi depuis quelques semaines. Je l'entends souffler à la cime des grands sapins qui s'offrent à moi, de l'autre côté de la baie vitrée. Il est neuf heures du matin, le soleil perce à peine le ciel, décrivant un parfait camaïeu de rose et d'orangé. Je pose une toile vierge sur le chevalet, prépare les quelques flacons de peinture à l'huile dont j'ai besoin, prend une inspiration profonde, ferme et les yeux. C'est parti ..

La pointe de mon pinceau baigne dans l'huile rouge. Habile. Avant d'entailler la toile immaculée de coups fougueux, c'est le sang. Le sang de tout ce qui meurt après l'été. Du sang partout. Je débouche un autre flacon, et l'écarlate change de teinte. Plus foncé, c'est du bordeaux. C'est le raisin. Le produit de la vigne que l'on récolte pour écraser sauvagement. Voilà, c'est le vin. Du vin partout. J'ai mal au poignet, je vais trop vite. Du marron sur ma tablette, c'est le bois. Le bois des arbres qui se dénudent, impudiques énergumènes. Ils sont bêtes les arbres, ils se couvrent quand les beaux jours arrivent, et quand l'air se refroidit, ils enlèvent leur manteau. Voilà. Du bois, partout. Une touche d'orange, caressée par les poils de mon pinceau, et voilà le feu. Les flammes ardentes qui brûlent les ondées vertes du printemps jusqu'à ce qu'il ne reste plus rien. Du feu, partout. Je m'entends respirer, fort fort, et une touche de jaune. C'est le soleil. L'astre qui nous montre tout de la destruction que subit la nature, au cours des trois derniers mois de l'année. La cruauté du soleil qui nous ouvre les yeux. Du soleil, partout. Et une dame. Avec une longue robe noire, un chapeau, assise. Seule. Abandonnée. Elle a laissé s'enfuir quelque chose qu'elle n'est même pas sûre de retrouver un jour. Lorsque l'automne arrive, qui vous dit que vous reverrez encore un printemps ? Je souffre, je peins. Je ne suis pas moi. Enfin, je ne crois pas.

La feuille d’automne emportée par le vent, en ronde monotone tombe en tourbillonnant...

Lorsque je lève le nez, je m'aperçois que le crépuscule est déjà en train de tomber. Il doit être dix huit heures. Voilà. J'ai passé quasiment une journée, seule, plongée dans un silence qu'il n'appartenait qu'à moi de briser, le nez sur ma toile. Dès que je lâche mon pinceau, mes doigts s'engourdissent. J'ai l'impression qu'ils doublent de volume en moins de dix secondes. Je prend bien soin de refermer tous les pots d'huile pigmentée. Si par malheur, Marco trouvait son atelier en désordre, qui sait dans quel état il pourrait se mettre. Je m'empare d'un flacon de solution lavante pour nettoyer mes mains et me dirige vers la sortie. Mais quand je remarque qu'une silhouette, haute, carrée, et surtout inconnue se dessine dans l'ouverture de la porte, je m'arrête net voyant que ces yeux fixait un point derrière moi..


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